I will not always be what I was.

Je me levai péniblement de ma couche, baillant lestement, les yeux pochés. J'avais passé la nuit à me tourner, me retourner, bref, j'avais mal dormi. Je n'avais pas cessé de rêver que mes chatons se faisaient tuer par un blaireau et cela m'était insupportable. J'avais passé la dernière lune dans la pouponnière et j'avais besoin de prendre l'air de tout ceci. Je ne m'étais jamais attendu à être père. L'amour pouvait parois éconduire à de bien drôles de conclusions. Je baillai à nouveau et décidai de me bouger un peu. Je sortis à l'extérieur de la pouponnière, m'assurant de ne réveiller personne. La première chose que je sentis fut le froid. J'en fus quasiment paralysé. Je me forçai cependant à avancer jusqu'à la pile de gibiers, pour me rendre compte qu'elle était vide. Comme à l'habitude, mon clan passait avant tout. Je pris la sortie du clan et m'arrêtai devant une petite mare gelée. Je décidai de chasser près de la frontière, ainsi je ferais d'une pierre, deux coups. Je humai l'agréable fumet d'un campagnol et me mis en quête de l'animal. Je le trouvai bientôt, rongeant une noix gelée. Je me tapis discrètement au sol et attendis sagement mon heure. Le parfait moment se présenta et je sautai sur la frêle petite bête. Je le pris entre mes crocs et lui rompis le cou. L'enivrante odeur faillit me faire briser le code du guerrier, mais je me retins et enterrai précipitamment la proie. J'allais me mettre en quête de ma prochaine proie, mais une toute autre odeur vint chatouiller mes narines. J'étais tout proche de la frontière avec le clan du Vent, il était donc bien normal que je sente leur odeur. Je sortis des taillis et aperçus la Guérisseuse, à deux queues de renard de moi, sur son territoire. Elle était seule. Je m'assis et plantai mon regard vert pénétrant dans les siens. Elle avait l'air d'attendre quelque chose. Alors, d'une voix neutre, je la saluai:

-Salutations, Souffle du Velours. Que me vaut l'honneur de ta présence? Aurais -tu besoin de plantes?

Je savais que certaines plantes spéciales poussaient sur mon territoire. Je me devais aussi, du fait de mon poste de Lieutenant, de la laisser circuler sur celui -ci en toute liberté. Par contre, pour éviter quelconque confusion, je lui proposerais volontiers mon aide. Ces temps -ci, je me sentais différent. Je sentais que je ne devais brusquer personne, comme si c'était en lien avec mes mauvais rêves.